Bonjour à tous !
Voici déjà mon troisième article, je pense que j’en écrirai
effectivement un par semaine. Ça permet de ne pas se laisser débordée par tous
ces thèmes et toutes ces découvertes à aborder !
Je vous accueille donc cette fois-ci avec un titre bien
étrange … C’est officiel, j’ai changé de prénom ! Vendredi après-midi, je jouais
avec Lola*, 5 ans, dans le coin cuisine/poupée. C’était moi la poupée :D
Bref, elle a décidé que pour ce jeu, Cérina c’était pas
terrible alors elle m’a surnommé Pippi Långstrump ! J’ai beaucoup rigolé
mais en même je me suis demandé si cela voulait dire quelque chose en suédois,
si ce n’était pas un surnom ridicule et si du coup elle ne se moquait pas de
moi. J’ai donc demandé à mes colocataires et en fait … tadada … c’est Fifi
Brindacier en suédois ! Oui, parce que cette histoire est suédoise et c’est
vraiment très populaire ici, il y a même une ville entièrement dédiée à ce
personnage de fiction.
Voilà pour la petite anecdote.
Je ne vois pas le temps passé, j’ai déjà terminé ma deuxième
semaine de stage. Elle a commencé par un fika
avec les parents à l’occasion de Mardi Gras. Ce mot suédois désigne à la fois
la pause-café que l’action elle-même. Les enfants pouvaient venir déguisés et
les parents ont apportés beaucoup de bonnes choses à manger. C’était un moment
convivial pendant lequel les parents pouvaient discuter entres eux ou avec les
professionnels.
En Suède, à l’occasion de Mardi Gras, tout le monde achète
une patisserie spéciale : le semla.
Voici la photo, c’est plutôt bon :)
Semla: de la crème fouettée et parfois de la pâte d'amande dans un chou pâtissier. |
Ensuite, la journée a pris son cours habituel :
samling, petit tour au parc, …
La directrice de l’école m’a présentée à la directrice
pédagogique, qui était absente la semaine passée. L’une s’occupe du côté administratif,
l’autre du « management » des équipes (dit grossièrement) en terme de
pédagogie. Lors de cette présentation, la directrice lui a expliqué notre
projet prévention contre les écrans et le projet livre qui en découle. C’est
ainsi que j’ai appris que ce serait à moi de présenter le projet aux parents.
Nous n’avions pas dû nous comprendre la semaine précédente car je pensais
participer au projet mais pas tout porter sur mes épaules ! Il va donc
falloir que j’en parle avec elle, pour savoir exactement ce qu’elle attend de moi.
Lors du samling de mardi matin j’ai appris que les enfants
doivent remplir des responsabilités censées les sensibiliser à l’écologie mais
également au rangement de façon général ainsi que sur la façon de traiter les
copains. Les enfants lèvent la main pour prendre la responsabilité de la « tâche »
qu’ils souhaitent effectuer. Je prendrai en photo le tableau sur lequel sont répertoriées
ces responsabilités et la publierai aussitôt. Il s’agit principalement de
veiller à ce que les lumières soient éteintes lorsque l’on quitte une pièce,
que les robinets d’eau soient bien fermés, que le couloir soit bien rangé, s’assurer
qu’un copain ne reste pas seul, …
D'ailleurs, au parc par exemple, ma tutrice demande régulièrement aux enfants de faire attention aux copains qui sont seuls et de les inviter dans leurs jeux. Cela fonctionne plutôt bien!
Durant la semaine j’ai parlé avec ma tutrice de son travail.
En ce moment elle met en place un thème d’activité : la technique. Il s’agit d’enrichir les
connaissances des enfants et leur vocabulaire. Je vous ais déjà raconté la
journée centrée sur les bateaux, ce thème fait partie de cette idée. Les
enfants ont ainsi abordé « ce qui flotte » mais aussi « ce qui
vole » : ils ont construits des avions en papier, des fusées en
carton, … Appris des mots tels que moteur, réacteurs, hélices, … Ils ont
également pu faire une activité pour comprendre le phénomène des aimants,
pourquoi dans ce sens les aimants sont attirés mais dans l’autre ils se
repoussent.
Elle m’a ensuite demandé d’observer plusieurs situations
tout au long de la semaine à venir en m’appuyant sur des fiches techniques qu’elle-même
et les autres membres de l’équipe utilisent:
(désolé pour la qualité pitoyable, apparemment on ne peut pas importer des fichiers de ce genre dans l'article alors j'ai pris mon écran en photo) |
La fiche permettant d’observer la communication me semble
être un bon outil pour notre journal d’observation. On écrit le prénom de
chaque personne présente dans les ronds puis à l’aide de flèches on relit
celles qui se sont adressé la parole. Sur mon lieu de stage, je l’utilise pour
observer à quels enfants l’adulte s’adresse le plus ou le moins. Ma tutrice m’a
dit que cela lui permet de voir si elle « néglige » des enfants, de
remettre sa pratique en question.
La fiche qui répertorie le matériel utilisé peut leur
permettre de changer la disposition des pièces, d’aménager différemment les
espaces pour faciliter le jeu et l’adapter aux préférences des enfants.
J’ai également appris que les enfants font des « meetings »
autour d’un thème précis pour apprendre la tolérance, le respect de l’autre, …
Par exemple, on leur a appris à dire « STOP » en mettant bien la main
en évidence pour que l’autre enfant comprenne qu’il doit arrêter. Cela marchait
plutôt bien au début puis les enfants se sont rendu compte qu’il n’y avait rien
d’autre derrière ce « stop » et celui-ci est même devenu trop
habituel. En effet, certains enfants l’utilisent pour dire : « STOP !
Toi tu joues pas avec nous », par exemple. L’équipe réfléchit donc
maintenant à une façon de corriger cela.
J’avais déjà entendu parler de ce genre de réunions dans les
écoles des pays nordiques visant à sensibiliser contre la violence. Les enfants
sont invités à discuter de la tolérance et du respect. Si il y a eu un conflit
particulier entre certains enfants, ceux-ci sont amenés à en parler. Parfois il
y a même des enfants « neutres » chargés de veiller à la bonne
entente dans la cour de récré.
Je trouve que c’est une méthode intéressante et je pense
plus efficace que la méthode des écoles françaises, qui se résume bien souvent à des sanctions.
Jeudi a été une sacrée journée ! Pour la première fois
j’ai participé au repas de midi, jusque-là c’était le moment où je prenais ma
pause. Mais jeudi il y avait deux absentes parmi les membres de l’équipe.
Au menu, du blé avec des saucisses et une drôle de sauce. A
ma table il y avait 7 enfants, 8 autres enfants avec la professionnelle que j’accompagnais.
J’ai vite ressentie une impression de « désordre ». Les plats n’étant
pas prêts, les enfants ont dû attendre et réclamaient donc fortement à manger
(j’ai même envie de dire exigeaient !). Je n’ai pu manger ma première
bouchée que lorsque j’ai servi chaque enfant pour la seconde fois ! J’ai
été déstabilisée par les nombreux « eh moi je veux », « eh moi j’en
veux aussi », « moi j’en veux encore ». Ne cherchez pas les « s’il
te plait » et « merci », il n’y en avait pas ! Bref, si il
y avait plus d’organisation cela ce serait sans doute mieux passé, j’aurai pu
les laisser se servir eux-mêmes dans le plat, chacun leur tour, nous aurions pu
avoir le temps d’échanger. Je me demande maintenant si tous les repas se passent
ainsi. Ce que je sais, c’est que les membres de l’équipe doivent relever la
température de chaque plat avant de les servir.
Cette même journée, nous avons fêté quelques anniversaires. D’habitude,
les anniversaires sont fêtés un par un, mais une demande particulière d’une
maman à chambouler tous les plans. Il se trouve que pour l’anniversaire de son
fils, elle a demandé qu’il lui soit servi de la glace au goûter. Mais
puisqu’il est quasiment interdit à l’équipe de servir quoique ce soit de sucré,
celle-ci a d’abord refusé. Suite à ce refus un très long email a été envoyé à
la direction, le sujet étant globalement « Comment vais-je expliquer à mon
fils qu’il n’aura pas de glace pour son anniversaire ? ». L’équipe a donc décidé, avec l’accord des autres
parents, de fêter tous les anniversaires du mois le même jour afin que tous les
enfants puissent bénéficier du même traitement pour leur anniversaire. Voilà,
cela vous donne un aperçu des relations parfois « tendues » entre les
professionnels et les parents.
Je vous disais la semaine dernière que cette contradiction me perturbait: on ne veut pas qu'il soit servi de sucre aux enfants pourtant ils en mangent beaucoup à la maison, c'est culturellement mal vu de consommé beaucoup de sucre et pourtant dans tous les magasins d'alimentation voici ce que l'on trouve:
Quoiqu’il en soit je ne pourrai pas vous dire si la glace
était bonne, je n’en mange qu’en été ^^
J’ai découvert plusieurs autres petites choses concernant le
suivi des enfants. Chaque membre de l’équipe suit un groupe d’enfants donné. Régulièrement sont organisés des rendez-vous entre
les parents et la professionnelle référente pour leur enfant.
Le rôle de cette référente est également de remplir au fur
et à mesure le Portfolios de l’enfant. Il s’agit d’un livret tenu de l’arrivée
de l’enfant dans la structure jusqu’à son entrée à l’école à l’âge de 7 ans. C’est
obligatoire et cela concerne toutes les structures pré-scolaires. Dans ce
portfolios, l’école, qui le récupérera, trouvera des informations telles que « ce
que j’aime faire », « mes compétences », etc …
Afin d’alimenter ce portfolio (qui représente beaucoup de
travail en plus pour chaque membre de l’équipe), les professionnelles doivent
prendre le plus souvent possible des photos de l’enfant pendant une activité,
une sortie, … Pour cela, elles ont toutes leur téléphones portables sur elles.
Je me suis rendue compte à quel point les enfants y étaient habitués lorsqu’une
petite fille m’a demandé de lui prêter mon portable (oui oui, vous ne rêvez pas !),
sauf que moi j’ai l’habitude de le laisser dans le vestiaire et elle a trouvé ça
bizarre, je crois même qu'elle ne m'a pas cru.
J’ai remarqué également que leur portable était nécessaire
car la directrice partage les informations en temps réels par SMS. Voici une
information intéressante pour le stage DC3 …
Ce week-end je n’ai pas fait de visite particulière mais j’ai
profité du beau temps pour me promener dans mon quartier. J’ai découvert des
rues sympathiques, très résidentielles. Voici donc à quoi ressemblent les maisons
de la banlieue sud de Stockholm, précisément à Alvsjö.
L'école d'Alsvjö |
Mon bâtiment (il y a beaucoup d'appartements de ce genre, avec un côté industriel mais les appartements en eux-mêmes sont tous modernes et agréables à vivre) |
J’ai appris qu’en Suède, la fête la plus populaire de l’année
ce n’est pas noël mais la fête de l’été, on célèbre le retour du soleil.
Pendant un week-end entier, les suédois partent avec tous leurs proches, famille et amis, à 20 ou 30
personnes dans des maisons de campagne ou alors ils vont dans les parcs publics
faire de grands barbecues. J’aime beaucoup cette idée de fêter le retour du
soleil, tout simplement, le retour du beau temps, le renouveau, … c’est une belle
idée.
Sur ce je vous dis à la semaine prochaine !
Cérina (ou Pippi Långstrump).
*le prénom à été changé
Coucou Cérina,
RépondreSupprimerC'est fou comme certaines des pratiques que l'on observe sur nos terrains de stage respectifs peuvent être à la fois similaires et éloignées. J'aime beaucoup l'idée de responsabiliser les enfants au respect et à l'écologie, et les rendre acteurs grâce à leur implication dans les réunions, un peu comme les enfants de Summerhill. Aussi, la technique utilisée dans la pédagogie par thème semble efficace. Rien de mieux que la créativité et l’expérience pour les enfants!
Je pense que les fiches techniques doivent être très utiles à l'observation, et un bon outil de travail.
Tout ces articles sont décidément très intéressants et enrichissants.
Merci pour ce partage.
A bientôt
Merci Virginie!
RépondreSupprimerC'est vrai que je vois quelques similitudes aussi quand je lis tes articles, même au niveau culturel finalement.
L'équipe est super, sans cesse à la recherche de nouvelles idées, motivée et investie, ça fait plaisir à voir.
La grande différence entre nos deux expériences, à mon avis, ce sont les enfants. On aura de quoi discuter à notre premier retour dans trois semaines :)
A bientôt!