Un mois de stage et un mois de vie à la québécoise ;-) (Sonia)

Le Printemps est arrivé et cela fait un mois que je suis au Québec. 

Je me souviens de mon arrivée à Montréal le jeudi 20 Février et de ma rencontre avec Pauline qui partageait ma chambre à l'hôtel ce soir-là. Oui, j'avais appris la nouvelle avant mon départ et j'avais bien râlé auprès de l'OFQJ. Et puis finalement, quelle sympathique rencontre! :-) Nous nous sommes revues depuis et avons même fait du traîneau à chiens ensemble! 

Mon stage à La Maisonnée se poursuit bien. Lynn du Collège Laflèche est venue me rendre visite . Oui, ici aussi j'ai droit à des visites de stage! ;-) Après son temps d'observation, nous avons fait le point avec l'éducatrice. Ma tutrice est contente de moi et demande à ce qu'on lui envoie encore des "perles" de France. Ça fait plaisir! :-) Pendant cet entretien, nous discutons de mes premières impressions, de mes interrogations, de mes idées de travail autour de la communication et de l'action éducative. J'en apprends un peu plus sur le fonctionnement des Centres Petite Enfance. Tous doivent répondre à un programme éducatif dépendant du Ministère de la Famille et des Aînés: 

http://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/Documents/programme_educatif.pdf

En plus de ce programme commun à tous les CPE, chaque CPE est libre de répondre à un programme spécifique. A La Maisonnée, l'équipe se réfère au programme BRIO que je pourrai consulter bientôt. Ainsi, toutes les activités mises en place visent à développer des "expériences clés", nouvelle appellation qui caractérise les objectifs du programme éducatif du Ministère. Les expériences clés sont découpées en plusieurs catégories:

-développement socio-affectif et moral

-développement du langage, de l'écriture et de la lecture 

-développement de la représentation créative

-développement de la motricité par le mouvement et la musique

-développement intellectuel sur le plan de la classification

-développement intellectuel sur le plan de la notion d'espace

-développement intellectuel sur le plan de la notion de temps

Une question que je me suis posée: y a-t-il des références théoriques données aux étudiants comme on peut le faire en France ou bien la formation ne fait-elle que répondre "mécaniquement" à ce programme du Ministère? La plupart des cours sont issus du programme éducatif mais un cours fait plus particulièrement le lien avec la théorie: il s'agit du cours d'approche pédagogique. Marie-Pier me dira néanmoins que les références théoriques ne sont pas autant visibles qu'en France. Les cours sont beaucoup centrés sur le "comment faire": comment réagir face à telle ou telle situation, à tel type de parents, à tel comportement d'enfants. J'ai eu d'ailleurs le plaisir d'assister à un cours sur le partenariat où il était question des mécanismes de défense des parents face à une problématique soulevée par l'éducatrice lors de l'accueil: culpabilité, projection d'une difficulté de l'enfance, agressivité, séduction, fuite, négation. Alors certes, cela pose question par rapport à l'unicité de chaque parent, mais c'est sans doute utile dans la mesure où cela permet d'acquérir des automatismes. Et puis en pratique, les professionnels s'adaptent. Tout n'est pas noir ou blanc. 

J'ai également avancé au niveau de mon implication dans le stage. L'éducatrice me confie plus de responsabilités: j'anime des "routines"et des moments de transition. Les routines sont des moments du quotidien qui reviennent chaque jour, sortes de rituels. Par exemple, la routine du choix des responsabilités pour chaque enfant. Le matin, chacun choisit sa responsabilité pour la journée: donner le dîner, donner les verres de lait (oui, le midi ils boivent du lait à la place de l'eau), ranger les jouets, servir les légumes, donner le dessert, choisir le film (avant la sieste), donner les doudous (les doudous ne sont pas des peluches mais des couvertures ou foulards venant de leur maison)... . Autre exemple: la routine du dodo. Avant la sieste, l'éducatrice a un rituel bien particulier: elle leur chante la chanson des "poulettes", extraite de La poulette grise mais qu'elle adapte à sa façon, nommant chaque enfant qui choisit sa couleur de poulette et le nombre de "cocos" pondus pour lui avant qu'il aille faire dodo. Je vous montrerai ça en vidéo ;-). Ensuite s'en vient un moment assez touchant: la chanson pour les mamans et pour les papas venant d'une berceuse créole. A la fin, chaque enfant souffle et envoie un bisou pour sa maman et son papa. Ce moment est particulièrement émouvant pour les enfants de La Maisonnée qui vivent des situations familiales pas toujours bien simples. Mais c'est pour eux important et rassurant d'avoir une pensée pour leurs parents avant de s'endormir. 

L'affichage des responsabilités

Le "pain-bonhomme"

Peinture avec brosses à dents

Emilie et la peinture de la crème glacée

Gugus, le Bonhomme de Neige

Concernant mes travaux, j'ai écrit avec ma tutrice quelques planifications des activités à venir. On s'en vient dans le thème du Printemps et de Pâques. Alors je vais proposer aux enfants la comptine Justin le petit lapin ainsi que la création d'un "bébé Poupin" en souvenir de mon album confectionné lors de la semaine de Techniques Educatives à Aubagne. Je vais en profiter pour tenter de leur raconter l'histoire sans support. J'aurais bien voulu l'apporter mais euhhh...comment dire, il y avait un léger problème pour que mon gros livre cartonné rentre dans la valise! ;-)

Comme vous le savez tous, j'aime chanter et hors de question de venir au Québec sans chanter des petites chansons aux enfants. Alors je me suis lancée et ils adorent ça! La petite Mandarine, La Famille Tortue, C'est un petit bonhomme, Une bulle vole... J'ai constaté que les enfants étaient plus apaisés pour la sieste. Et j'ai été émerveillée qu'ils se souviennent déjà des titres des chansons. Hier, un petit-garçon m'a dit: "La chanson des petites bulles, elle m'a faite toute triste". L'éducatrice a alors mis des mots sur ses émotions. Il me l'a réclamée ensuite juste avant le dodo. J'ai alors repris cette chanson et c'était drôle d'entendre les enfants qui la fredonnaient, allongés sur leur matelas! L'éducatrice souhaite que je lui enregistre des chansons avec ma voix pour qu'elle m'intègre à sa routine. Quel beau cadeau! :-)

Enfin, je n'ai pas oublié de réfléchir au DC2 et au DC3. 

Concernant le dossier à finalité éducative, j'aimerais travailler l'estime de soi avec un petit-garçon en particulier. Plusieurs idées me viennent, dont je vous ferai part bientôt. J'ai la chance aussi de découvrir le travail de la stagiaire psychoéducatrice. Elle a réalisé cette semaine une série de tests auprès de cet enfant afin d'évaluer ses forces et ses faiblesses, tout en pointant le positif avant tout. J'ai pu filmer quelques extraits de cette séance que je vous montrerai. 

Par rapport au DC3, j'ai particulièrement été interpellée par la question de l'accueil des parents. J'ai ainsi relevé plusieurs observations. Je tente de faire le lien avec le contexte, j'interroge l'équipe, je prends des notes, je questionne le sens... Le plus difficile est d'observer ce temps informel de communication. Cela va très vite: les paroles, les gestes, les attitudes... Difficile de se souvenir de tout, même si je prends des notes juste après. Et puis, à cette difficulté, rajoutons l'accent québécois! Vous imaginez donc! ;-) 

Bref, je poursuis mes observations et je m'interroge, tout en prenant soin de ne pas tomber dans le jugement, parce qu'il ne s'agit pas là de comparer ce qui est mieux entre le Québec et la France. Au-delà d'un pays, au-delà d'une province, je suis avant tout dans un Centre Petite Enfance qui a ses raisons de fonctionner ainsi ou d'une autre manière et qui est relié à un contexte bien particulier. Ce qui ne m'empêche pas de me questionner quant à mes propres valeurs, quant à mon positionnement en tant que future EJE. 

Et puis, il y a ma binôme: Clémence. Depuis mon arrivée, nous avons pu nous voir en webcam et elle a pu répondre à mes questionnements, mes doutes, mes angoisses... Merci Clémence pour notre petit "GAP" à distance :-). Parce qu'il faut dire que j'ai quand même ces moments de panique et de flou face à tout ce travail. Aurais-je le temps de tout faire? Suis-je bien dans ce qu'on me demande? Est-ce que j'ai bien compris l'objectif du journal d'observation? ... Autant de questions qui parfois me submergent... Et puis j'apprends à accepter de ne pas pouvoir tout anticiper, parce qu'on ne peut pas aller plus vite que la musique et qu'on est là dans un processus d'apprentissage et non pas dans une obligation de résultat. 

Devrais-je me mettre à la méditation? Petit clin d’œil à ma famille d'accueil ;-) Des personnes formidables, je n'aurais pas pu rêver mieux! Ils sont aussi un soutien dans cette aventure. Je me souviens quand je m'interrogeais l'année dernière sur le choix du mode d'hébergement. J'aurais bien eu tort de faire la "sauvage" en vivant toute seule dans une chambre étudiante! J'aurais manqué tellement de choses! J'ai la chance de vivre cette rencontre interculturelle, je vis à la québécoise et ça me va bien! :-)

Côté voyage, j'ai passé une merveilleuse journée samedi dernier: traîneau à chiens et ski de fond à Saint-Paulin, dans un décor naturel paisible et tellement beau :-) J'étais accompagnée de Marie-Pier, Christine, Pauline et Simon. J'ai même craqué sur une petite affiche que j'ai achetée et que j'emporterai chez moi et dans ma tête aussi j'espère! C'est dans des moments comme ça qu'on perçoit le sens de "Prendre le temps"...

A bientôt pour de nouvelles aventures! :-)

Sonia